Commentaire d'un texte de Bergson sur la liberté

Voici le texte expliqué :

«Nous sommes libres quand nos actes émanent de notre personnalité entière, quand ils l'expriment, quand ils ont avec elle cette indéfinissable ressemblance qu'on trouve parfois entre l'oeuvre et l'artiste. En vain on allèguera que nous cédons alors à l'influence toute puissante de notre caractère. Notre caractère, c'est encore nous; et parce qu'on s'est plu à scinder la personne en deux parties pour considérer tour à tour, par un effort d'abstraction, le moi qui sent ou pense et le moi qui agit, il y aurait quelque puérilité à conclure que l'un des deux moi pèse sur l'autre. Le même reproche s'adressera à ceux qui demandent si nous sommes libres de modifier notre caractère. Certes, notre caractère se modifie insensiblement tous les jours, et notre liberté en souffrirait, si ces acquisitions nouvelles venaient se greffer sur notre moi et non pas se fondre en lui. Mais, dès que cette fusion aura lieu, on devra dire que le changement survenu dans notre caractère est bien nôtre, que nous nous le sommes approprié. En un mot, si l'on convient d'appeler libre tout acte qui émane du moi et du moi seulement, l'acte qui porte la marque de notre personne est véritablement libre, car notre moi seul en revendiquera la paternité».

Bergson, Les Données Immédiates de la Conscience

 

 


A la fin du XIXe siècle, les psychologies traditionnelles qui ont abordé le problème de la liberté se trouvent engagées dans une impasse. Voici la marche qu'elles ont suivie. Comment pourrait se manifester la liberté? Il est trop clair que ce ne peut être que par une décision ? Que suppose la décision ? Bien entendu un choix. Mais un choix est guidé par quelque chose, il résout une délibération ou tranche un conflit, préalables. Ou bien, comme le pensent les intellectualistes, je ne me décide qu'après avoir examiné des raisons. En ce cas, c'est l'évidence d'une idéée, d'un raisonnement qui emportera ma decision. Ou bien, si j'estime, comme les empiristes, que les tendances, les désirs, les sentiments, commandent davantage les conduites humaines que les idées, je considérerai qu'une préférence secrète, à mon insu, m'attire dans un sens plutôt que dans un autre. Un sentiment plus intense l'emportera sur un autre plus faible, le désir prédominant prévaudra, une tendance aura le dessus sur d'autres tendances contraires. Ainsi, qu'iI s'agisse de motifs d'ordre raisonné ou de mobiles d'ordre sensible, il faut convenir que le poids des motifs ou des mobiles est de lui-même determinant. On dira qu'un homme est poussé ou entraîné par tel motif ou tel mobile à agir dans tel ou tel sens. Mais n'y-a-t-il pas là la révélation d'une causalité psychique analogue à la causalité physique. Une force donnée, appliquée sur un point donné, produit un effet déterminé. Où la liberté trouverait-elle sa place dans ce schema ? Ne sera-t-on pas contraint d'aboutir à un véritable déterminisme psychique ?

Bergson, dans une page des « DONNEES IMMEDIATES DE LA CONSCIENCE », va nous montrer comment rien ne nous condamne à cette impasse, comment rien n'impose ce schéma des psychologies traditionnelles. Plutôt que d'essayer de chercher où pourrait se situer la liberté dans un processus qui apparemment l'exclut, il va nous dire d'emblée en quoi, selon lui, elle consiste.

Après l'avoir suivi dans cette révélation de la liberté, nous tenterons de discuter l'idée qu'il s'en fait.

 

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