(1685-1753)
Georges Berkeley est né en 1685 en Irlande. De 1700 à 1704, il poursuit ses études au Trinity Collège de Dublin puis il entre dans les ordres en 1709. Il voyage ensuite en Angleterre, en Italie et en France. En 1728, il embarque pour l'Amérique, mais le manque de soutiens financiers l'oblige à renoncer à son projet de fonder un collège. De retour en Irlande, il est nommé évêque de Cloyne en 1735. À partir de cette date, il se consacre essentiellement à son évêché, Il meurt en 1753.
Dès sa publication, l'uvre de Berkeley a été accueillie avec réticence. La philosophie de celui-ci se présente en effet comme un « immatérialisme », c'est-à-dire qu'elle refuse toute existence à la matière, ce qui va à l'encontre de l'évidence la plus communément admise. Mais dans la mesure où l'existence d'une chose ne dépend, selon Berkeley, que de la perception que nous avons de cette chose, exister revient à être perçu ou à percevoir (esse est percipi). En d'autres termes, les éléments qui composent notre univers, qu'il s'agisse de l'étendue, du mouvement, de la couleur, de la saveur, du son, n'ont aucune existence en dehors de l'idée ou perception que nous en avons.
Lorsque les hommes conçoivent la matière, ils lui attribuent une étendue, une figure, un mouvement. Cependant, ces attributs sont inconcevables si on ne les associe pas à des choses particulières, appréhendées par les sens. il est littéralement impossible d'abstraire, c'est-à-dire de séparer, d'isoler, une idée des sensations que nous éprouvons. Peut-on imaginer, par exemple, une étendue dépourvue de couleur ? Si l'étendue, le mouvement, la figure n'existent pas hors de l'esprit, il est alors difficile de penser la matière comme une substance extérieure, indépendante, qui serait comme le substrat, le support de tout ce qui existe. L'idée de matière n'est donc, selon Berkeley, qu'un mot creux, dénué de toute signification. En donnant un nom à quelque chose qui n'existe pas, que nous ne pouvons percevoir, nous commettons un abus de langage.
Mais un problème se pose alors : si nos perceptions ne proviennent pas de la matière, quelle est leur origine ? Berkeley résout ce problème en invoquant l'existence d'un Dieu qui assure l'ordre de nos idées et la régularité de nos perceptions. Dieu est, en effet, l'unique source de ce qui existe et de ce que nous percevons. Ainsi, les choses sensibles ne sont pas issues d'une substance matérielle extérieure à notre esprit mais elles proviennent de la substance divine qui assure sa cohérence à nos perceptions.
- Nouvelle Théorie de la vision (1709)
- Traité sur lesprincipes de la connaissance (1710)
- Dialogues entre Hyas et Pbilonoüs (1713).
© Hachette, La philosophie de A à Z