Karl MARX

(1818-1883)

 

Biographie. Oeuvres principales

 

Karl Marx a réalisé avec Friedrich Engels (1820-1895) une oeuvre philosophique et sociale qui a marqué, en profondeur, le XIXe et le XXe siècle.

Né à Trèves, en Allemagne, dans une famille aisée, fils d'un avocat descendant d'une lignée de rabbins, Karl Marx fait des études de droit et de philosophie, et consacre, en 1841 , sa thèse à Démocrite et Epicure. Il épouse, en 1843, Jenny de Westphalen, d'une illustre famille aristocratique. A Paris, il fait la rencontre d'Engels, fils d'un industriel, avec qui il collaborera pendant toute sa vie. Expulsé de France, il gagne la Belgique, puis Londres. Avec Engels, il rédige le célèbre Manifeste du Parti communiste (1848). A Londres, où il s'installe définitivement, Marx vit dans une très grande pauvreté, malgré les subsides d'Engels. Néanmoins, il produit une œuvre abondante et anime la Première Internationale ouvrière. En 1881, Jenny meurt et, en 1883, Marx s'éteint lui-même.

 

De son travail immense, nous retiendrons essentiellement :

La question juive (1844)

La critique de la philosophie du droit de Hegel (1844)

les Manuscrits de 1844 (1844)

La Sainte Famille (en collaboration avec Engels, (1845)

L 'Idéologie allemande (avec Engels et Hess, 1845-1846) ;

Misère de la philosophie (1847) ;

la Contribution à la critique de l'économie politique (1859) ;

Le Capital (1867-1894, les derniers tomes étant posthumes).

 

 

Racines et apports

 

1 - Les racines

Marx hérite de plusieurs courants philosophiques et sociaux :

* la pensée matérialiste (posant la matière comme réalité première), développée dans l'Antiquité par Démocrite et Epicure, mais aussi au XVIIIe siècle par les philosophes français, Diderot, Helvétius, la Mettrie, etc. ;

* la philosophie allemande , celle de Hegel , tout particulièrement, dont Marx reprend la démarche dialectique , procédant par thèse , antithèse, synthèse (en la remettant toutefois «sur ses pieds», c'est-à-dire en partant non point de l'Idée, mais de la production matérielle des hommes).

Il faut mentionner aussi Ludwig Feuerbach et sa critique de la religion ;

* le socialisme français, avec Saint-Simon, Fourier et Proudhon ,

* l'économie politique anglaise, avec Ricardo essentiellement, qui orienta l'analyse de Marx vers les phénomènes de production.

 

2 - Les apports conceptuels

Marx affirme la nécessité d'un dépassement de la philosophie théorique : la réflexion philosophique doit devenir fondamentalement pratique ; elle est inséparable d'une transformation radicale de la société, transformation destinée à dépasser la sphère de l'aliénation humaine, c'est-à-dire celle de l'existence historique où l'homme (au travail) est dépouillé de lui-même et de ses oeuvres. Au-delà de cette inhumanité profonde de l' histoire, Marx nous laisse espérer un saut dans le règne de la liberté.

Les concepts fondamentaux de la philosophie de Marx sont les suivants :

a - Concepts philosophiques

* la dialectique, comprise comme mouvement allant de la thèse à l'antithèse et à la synthèse, mouvement s'effectuant par un dépassement permanent des contradictions. La dialectique n'est plus, chez Marx, celle de l'Idée (comme chez Hegel) mais d'abord celle de la matière ;

* l'aliénation, entendue comme situation où l'être humain [ au travail ] est dépouillé de son essence et confronté à son produit qui devient Autre que lui et le domine ;

* la praxis, conçue comme énergie pratique humaine et sociale, appréhendée chez Marx comme le critère essentiel du vrai.

b - Concepts socio-économiques

* les forces de production, ensemble des moyens dont la société humaine dispose pour produire ;

* les rapports de production, relations et rapports sociaux noués dans le processus de production ;

* l'exploitation, relation économique fondamentale consistant en ce que certains hommes, ne possédant pas les moyens de production, travaillent en partie gratuitement pour d'autres hommes propriétaires de ces moyens.

Cf. J. Russ, Les chemins de la pensée, Bordas pp.337-338