Arthur Schopenhauer

(1788 - 1860)

 

 

 

Philosophe allemand. Issu d'une famille de riches banquiers, ayant suivi les cours de Fichte, Schopenhauer obtient son doctorat à Iéna en 1814, avec une thèse intitulée Quadruple Racine du principe de raison suffisante.

Après la publication de son ouvrage principal en 1818, le Monde comme volonté et comme représentation (lequel ne connaîtra une audience conséquente qu'à sa réédition en 1847), Schopenhauer est chargé de cours à l'université de Berlin en 1819, mais il n'obtient pas de chaire. À partir de 1833, il se retire à Francfort-sur-le-Main où il rédige les Deux Problèmes fondamentaux de l'éthique (1841), Parerga et Paralipomena (1851). À soixante-cinq ans, il devient célèbre, le public retenant de sa philosophie son pessimisme.

De fait, sa conception de l'essence des choses comme volonté aveugle de rester en vie, comme « vouloir vivre », aboutit à une conception tragique du monde où la vie et le désir ne sont que souffrances, tandis que l'égoïsme des hommes les conduit à la guerre. Cependant, il y a chez Schopenhauer une philosophie du salut.

Comment s'affranchir du vouloir vivre et de la douleur qui en découle ? On échappera tout d'abord à la tyrannie de la volonté par la contemplation esthétique qui transforme en spectacle l'objet du désir. Schopenhauer, reprenant un thème kantien voit en effet dans la contemplation esthétique la manifestation d'un regard désintéressé. L'oeuvre d'art est l'occasion d'un désengagement des affaires du monde agité par l'égoïsme, et donc d'une suspension du désir qui nous torture. L'art, en ce sens, nous appelle à ce voyage intérieur qui nous révélera ce que nous sommes, en nous faisant passer des préoccupations égoïstes de l'existence au "souci de l'Être

Plus efficacement, et plus accessible à l'ensemble des hommes, la morale, fondée sur la pitié, conduit l'homme à dépasser l'égoïsme (très hostile à la morale rationnelle de Kant qu'il trouve trop rigide, Schopenhauer voit dans la pitié le sentiment à partir de quoi se développe l'acte moral. C'est parce que les hommes se sentent intuitivement prisonniers de l'absurdité de l'existence et de la logique destructrice de la Volonté qu'ils sont amenés à avoir pitié d'autrui : c'est alors qu'ils agissent moralement (et non pas parce qu'ils suivent les commandements d'une hypothétique raison pratique); enfin, plus radicalement, le salut consiste à renoncer au monde, à la sexualité et aux richesses matérielles pour atteindre le nirvana du bouddhisme.

Ce mysticisme mis à part, la philosophie de Schopenhauer, parce qu'elle est la première à rompre avec l'idéalisme classique, suscitera la plus vive admiration chez Nietzsche, Bergson et Freud, sans parler de la fascination qu'elle exercera sur des générations d'écrivains, de Maupassant à Beckett.