transcendant = ce qui est d'un ordre supérieur, ce qui est au-dessus du monde et de ses limites. Ainsi on parle de la transcendance de Dieu pour affirmer qu'il n'appartient pas au monde et qu'il lui est infiniment supérieur. Chez Kant est transcendant ce qui dépasse toute possibilité d'expérience. La phénoménologie, avec Husserl, puis l'existentialisme avec Sartre, mettront, quant à eux, l'accent sur le fait que la transcendance, avant de caractériser un au-delà du monde, est inscrite au cur de ce monde, à travers l'intentionnalité, c'est-à-dire cette capacité qu'a la conscience de se rapporter à ce qui n'est pas elle, à tendre vers un ailleurs, un au-delà d'elle-même. La conscience du temps - ou temporalité - est l'expression même de cette transcendance, puisqu'à travers elle est visé, au-delà du présent, le passé qui n'est plus ou le futur qui n'est pas encore.
immanent = ce qui est compris dans la nature d'un être, qui ne demande que l'on fasse appel pour en rendre compte à un principe extérieur. Chez Spinoza, par opposition à transitif, caractère d'une action qui s'applique exclusivement à son auteur, sans modifier quoi que ce soit en dehors de lui ( « Dieu est cause immanente et non transitive de toute chose », Éthique, 1, prop. 18 ). Chez Kant : caractère de principes dont le champ d'application ne peut excéder l'expérience possible.
rapports : L'opposition, ontologique, entre transcendant et immanent recouvre l'opposition, spatiale, entre extérieur et intérieur. La transcendance est dépassement, sortie hors des limites du monde par référence auquel elle se donne à concevoir. De même, l'immanence est maintien à l'intérieur de ces mêmes limites.
texte : Sartre, l'Etre et le Néant, pp. 435-437