" Je n'appréhende pas « l'autre » tout simplement comme mon double. Je ne l'appréhende ni pourvu de ma sphère originale ou d'une sphère pareille à la mienne, ni pourvu de phénomènes spatiaux qui m'appartiennent en tant que liés à l'«ici» (hic): mais&emdash;à considérer la chose de plus près&emdash;avec des phénomènes tels que je pourrais en avoir si j'allais « là-bas » (illic) et si j'y étais. Ensuite, I'autre est appréhendé dans l'apprésentation comme un « moi » d'un monde primordial ou une monade. Pour cette monade, c'est son corps qui est constitué d'une manière originelle et est donné dans le mode d'un « hic absolu », centre fonctionnel de son action. Par conséquent, Ie corps apparaissant dans ma sphère monadique dans le mode de l'illic appréhendé comme l'organisme corporel d'un autre, comme l'organisme de l'alter-ego , l'est en même temps, comme le même corps, dans le mode du « hic », dont « l'autre » a l'expérience dans sa sphère monadique. Et cela, d'une facon concrète, avec toutes les intentionnalités constitutives que ce mode implique. "

 

Edmund HUSSERL,

Méditations cartésiennes (1929), 5e méditation, Vrin p.99

  

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