Sitôt que j'ai eu acquis quelques notions générales touchant la physique, (...) j'ai cru que je ne pouvais les tenir cachées, sans pêcher grandement contre la loi qui nous oblige à procurer, autant qu'il est en nous, le bien général de tous les hommes. Car elles m'ont fait voir qu'il est possible de parvenir à des connaissances qui soient fort utiles à la vie, et qu'au lieu de cette philosophie spéculative, qu'on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux et de tous les corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils ont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. (...)

Sans que j'aie aucun dessein de mépriser (la médecine), je m'assure qu'il n'y a personne même de ceux qui en font profession, qui n'avoue que tout ce qu'on y sait n'est presque rien, à comparaison de ce qui reste à y savoir, et qu'on se pourrait exempter d'une infinité de maladies, tant du corps que de l'esprit, et même aussi peut-être de l'affaiblissement de la vieillesse, si l'on avait assez de connaissance de leurs causes, et de tous les remèdes dont la nature nous a pourvus.

 

Descartes, Discours de la méthode, VIe partie ation, 1907 

 

PhiloNet