La découverte de la planète Neptune par U. Le Verrier, en 1846.

 

Le Verrier, d'après les lois planétaires de Kepler se donne un schéma de la position théorique des planètes (transformation en concret de pensée) et calcule les déviations qui doivent résulter de leur attraction réciproque (a invention », transformation du concret de pensée). Ces nouvelles données de base font apparaître un écart avec les données primitives: la position théorique d'Uranus diffère de celle qui résulte du calcul de Le Verrier. Parallèlement, ce même écart est techniquement observable en fonction de la perturbation de l'orbite d'Uranus. Il faut donc vérifier cette transformation: l'hypothèse de Le Verrier, dans un deuxième temps, consiste à imaginer l'existence d'une autre planète qui perturberait l'orbite d'Uranus et donc ajouterait de nouvelles données de base de manière cohérente.

Vérifier théoriquement cette hypothèse, celle de Neptune, consiste alors, en calculant la déviation exacte d'Uranus par rapport à son orbite théorique déterminée sur le schéma planétaire d'observation, à prouver par là même, la position et la masse d'une planète inconnue.

L'expérience des perturbations orbitales d'Uranus est théoriquement «  faisable », elle est donc vérifiée. Dans cet exemple, l'hypothèse a été en même temps, techniquement vérifiée par J.G. Galle qui a pu observer au télescope la planète Neptune avec une précision de un degré de moins par rapport à la prédiction théorique. L'hypothèse d'un schéma planétaire différent, comme observation rectifiée, modifiée, s'est ainsi trouvée confirmée et la théorie nouvelle est née.

Deux cent trente-trois ans auparavant, Galilée avait « vu » Neptune sans pouvoir scientifiquement la découvrir. Il observait Jupiter au moment où la position orbitale de Neptune était angulairement proche de Jupiter. Il entrevit alors Neptune, et conféra à cet astre qu'il ne recherchait pas, et qui n'avait pas sa place dans le système planétaire, le statut rassurant d'étoile. Était-ce une étoile? Galilée ne s'est pas posé la question. En 1612, c'était là une hypothèse avortée. Elle ne fut jamais intégrée dans un montage théorique qui la vérifiât. Aucune confrontation théorique et technique des aspects supposés (était-ce une étoile ?) et des aspects effectifs (pourquoi une étoile ici plutôt que rien ? Pourquoi cette position et pas une autre ?) n'eut lieu.

C'est que Neptune n'était pas encore un concret de pensée, cet objet scientifique à réaliser, cet objectif expérimentable, cette réponse possible à des objections.

La modification apportée par Galilée sur son croquis astronomique n'a pas été conçue comme un ajout théorique qu'il eut été nécessaire de justifier, de réaliser. L'expérience fortuite n'a pas cherché à se modifier, en transformant les conditions primitives de l'observation.

 

Cf. Parcours philosophique, Nathan 
 

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